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24 janvier 2016

À babord! n°8, février/mars 2005

Livre référence:
L’ordre moins le pouvoir
« Increvable anarchisme » écrivait, naguère, Louis Mercier Vega. Increvable, car malgré l’occultation et la répression, les courants anarchistes se sont toujours reconstitués au cours des deux derniers siècles. Et sans crainte de faire abus de citation, on peut dire « Il n’y en a pas un sur cent et pourtant, ils existent, les anarchistes ! ». C’est cette persistance de l’idéal anarchiste ainsi que sa diversité qu’entend montrer le petit ouvrage de Normand Baillargeon, L’ordre moins le pouvoir, publié aux éditions Lux.

Comment définir simplement l’anarchisme ? Pour Baillargeon, c’est d’abord une théorie politique antiautoritaire, c’est-à-dire une vision qui se base sur « le refus conscient et raisonné de toute forme illégitime d’autorité et de pouvoir ». À partir de cette prémisse assez large, l’auteur s’attache à illustrer diverses positions théoriques qui ont été élaborées aussi bien par des tenants de l’individualisme comme Stirner que par des collectivistes comme Bakounine. Cette galerie de portraits théoriques serait cependant bien insuffisante pour rendre compte de la réalité de l’anarchisme, car ce dernier est aussi un mouvement pratique qui possède une riche histoire. Normand Baillargeon met bien en lumière cet aspect pratique des courants libertaires en évoquant, entre autres, l’expérience de la Commune de Paris, la Révolution russe, la guerre d’Espagne ou les mouvement de mai 68. Ce tableau historique est complété par une étude des positions prises par les libertaires en ce qui a trait à plusieurs aspects de la vie sociale, que ce soit la question de l’art, de l’économie ou de l’éthique.

Le livre de Normand Baillargeon constitue donc, pour les curieux ou les militants, une excellente introduction aux courants et à la pensée anarchiste. Comme toute introduction, elle a cependant le défaut d’être trop brève et, quelquefois, de « tourner les coins ronds ». On peut référer aux pages où l’auteur évoque les débats entre « marxistes » et « anarchistes » au sein de la Première Internationale (1864-1872) où il n’échappe pas à certains clichés évoquant une dichotomie bien tranchée entre « autoritaires » (qui équivaudraient à marxistes) et « libertaires » (anarchistes). Malgré ces réserves, l’ouvrage de Normand Baillargeon a le mérite de mettre sur la place publique des débats où les réponses ne sont pas vraiment définitives. Comme il l’écrit lui-même dans sa conclusion : « L’anarchisme a été et doit à mes yeux demeurer une école tout à la fois d’espérance, de rationalité et d’humanisme ».

Normand Baillargeon et Christian Brouillard

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