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11 mars 2013

Leçon de démocratie

Écrivain et professeur à l’Université du Québec à Montréal, Francis Dupuis-Déri réalise le rêve de nombre de thésards: publier sa thèse de doctorat. Il faut admettre qu’un sujet aussi vaste et inspirant que la notion de démocratie en France et aux États-Unis laissait espérer un ouvrage intéressant. Prêchant par l’exemple, l’auteur a su — qu’il en soit loué — rendre son travail accessible aux mortels en fournissant, notamment, une note de bas de page pour presque chacun des auteurs et personnages historiques qu’il cite.

Dupuis-Déri propose par ailleurs une mise en récit efficace de l’histoire du mot «démocratie», dont le destin rappelle celui du vilain petit canard. Après une naissance glorieuse dans la Grèce antique, il connaîtra le dénigrement au XVIIIe siècle, où il devient synonyme du chaos et de la tyrannie. «Une cathédrale effrayante de discorde, un jardin vénéneux de conspiration», en diront d’ailleurs de mauvaises langues. Le vent tourne au XIXe siècle, où un simple «Vive la République» crié au grand jour pouvait entraîner la déportation. Les révolutionnaires se rabattent donc sur «démocratie», terme de rechange pratique qui retrouve ainsi ses lettres de noblesse. Au XXe siècle, il servira, des deux côtés du rideau de fer, à décrire ce que l’ennemi n’est pas ou ce qu’il faut lui inculquer par la force.

Mais ce qu’on comprend dans cet ouvrage, c’est la volonté de recentrer l’enjeu de la représentation populaire. Comme le dirait Blanqui, révolutionnaire français du XIXe siècle: «Gare les mots sans définition, c’est l’instrument favori des intrigants.»

Éric Dupont, L’actualité, 11 mars 2013

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