Jerôme Segal: «Aujourd’hui, l’immense majorité des militants antispécistes sont non violents»
De l’émergence des mouvements de protection des animaux au milieu du XIXe siècle aux groupes d’action comme L214, l’historien explore les leviers de protestation qu’emploient les défenseurs de la cause animale. Malgré la radicalité des thèses défendues, la pédagogie reste l’outil le plus généralement employé. Portrait d’un courant de pensée, plus divers qu’on ne l’imagine.
Les antispécistes, qui refusent la supériorité d’Homo sapiens sur les non humains, sont-ils de dangereux «radicalisés» ? Boucheries taguées et vandalisées, blocage des abattoirs, sauvetage d’animaux d’élevage ou de laboratoire… : ces deux dernières années, la médiatisation accrue d’actions plus ou moins controversées contre l’exploitation animale a ressuscité, en France, le débat sur la place de la violence parmi les défenseurs de la cause animale. Mais c’est oublier, selon Jérôme Segal, historien à la Sorbonne et auteur d’Animal radical (éd. Lux), que la question est ancienne et inhérente au mouvement de libération animale dont les prémices remontent au XIXe siècle. En fait, les «végans» – c’est pour le chercheur, lui-même antispéciste, un abus de langage – privilégient le plus souvent la pédagogie pour faire entendre la radicalité de leur thèse, soit la remise en cause de notre rapport de domination séculaire sur les animaux. Et font tout autant face aux divergences de vue et aux […]
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Florian Bardou, Libération, 15 mai 2020
Illustration: Amina Bouajila