«Mélancolies identitaires»
Le sociologue Mark Fortier a passé une année à lire Mathieu Bock-Côté pour tenter de comprendre un phénomène qui dépasse largement le nombriliste chroniqueur du nationalisme identitaire québécois.
L’auteur a tôt fait de découvrir que derrière les paroles de cet « agitateur » qui joue la victime, il n’y a que du vent. Peu d’arguments valables, encore moins d’analyse, mais toujours plus d’esbroufe et de mystification. En résumé, MBC n’est qu’un beau parleur.
Ceci étant réglé, l’intérêt de cet essai réside surtout dans le fait que Mark Fortier décrit un malaise traversant toute la planète. Que les propos à l’emporte-pièce du chroniqueur du Journal de Montréal sont aussi ceux de caisses de résonance semblables qui tambourinent un peu partout.
Il s’agit d’exemples probants, voire terrifiants, à l’effet que l’épidémie « d’homélies » répandues par ces nouveaux prêtres, comme dirait Wajdi Mouawad, en vient à enlever à la parole sa raison d’être. Les lieux communs, les préjugés et les demi-vérités ont désormais le dessus sur la pensée, l’échange et la réflexion.
On peut ainsi voir qu’à la base de concepts diabolisés par les réactionnaires de l’identité, comme « multiculturalisme » et « politiquement correct », il y a la négation de valeurs comme le respect de l’autre et la responsabilité sociale qu’ils sont absolument incapables de mettre en pratique. Cette mélancolie identitaire consacre la séparation définitive et l’ego et de l’alter
MBC et ses semblables célèbrent une « culture dévastatrice de la culture », comme écrivait jadis Pierre Vadeboncoeur. Ce ne sont même plus des empêcheurs de tourner en rond, mais des incitateurs à la colère et à la haine.
Mario Cloutier, En toutes lettres, novembre 2019