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10 avril 2019

Du vin et des jeux – Vin Québec

La dépossession de deux monopoles d’État! Est-ce que la SAQ et Loto-Québec sont des outils collectifs au service de la population?

Voici un petit livre intéressant sur deux de nos chers monopoles : la Société des Alcools (SAQ) et Loto-Québec.

C’est écrit par deux chercheurs de l’IRIS, l’Institut de recherches et d’informations socioécomiques. Un groupe de recherche et de pression de gauche.

Je ne vais vous parler que de la section concernant la SAQ.

Simon Tremblay-Pepin et Bertrand Schepper-Valiquette y présentent un historique fort intéressant de notre monopole des alcools.

Depuis la prohibition et 1921, la Commission des Liqueurs devenue la SAQ a bien changé. Elle a été longtemps un outil de patronage et un centre d’emplois pour les «travailleurs d’élections» du Parti Libéral et de l’Union Nationale.

Les deux auteurs nous présentent plusieurs évènements croustillants de ce nid de patronage et de corruption qui a sévi jusque sous les régimes de Jean Lesage et de Jean-Jacques Bertrand (1970).

La Société des alcools devait être un outil au service des Québécois, elle a plutôt été dévoyée au service du parti au pouvoir du moment. Puis, elle a été détournée pour servir l’appétit insatiable en argent de plusieurs gouvernements successifs. Le gouvernement exige d’elle 71 millions de dollars en 1972, puis 215 millions en 1979; 657 millions en 2006 et finalement plus d’un milliard de dollars en 2015.

Tout cela se fait au détriment du consommateur. Une autre dépossession disent les auteurs.

Le côté sombre du virage commercial

Le chapitre couvrant la période de 2005 à 2015 est particulièrement intéressant. Il démontre comment les dirigeants de la SAQ ont fait pour accroitre les bénéfices en réduisant le nombre de produits à bas prix et en augmentant les prix. «Seul un monopole peut utiliser ce stratagème, qui serait impraticable dans un contexte de libre marché où des concurrents ne manqueraient pas de répondre à la demande de produits à bas prix.»

Comment vendre plus d’alcool à ceux qui en consomment déjà beaucoup

Les deux auteurs nous décrivent aussi la façon dont les acheteurs de la SAQ choisissent les produits, non pas en fonction de leurs qualités, mais des budgets promotionnels facturés aux fournisseurs. La SAQ met donc en place une stratégie pour inciter sa clientèle à acheter non pas les meilleurs produits, mais ceux qui sont proposés par les fabricants. La SAQ peut aisément facturer 200 000 $ au producteur pour pousser son produit. Le cout est refilé aux consommateurs.

C’est le consommateur qui finalement paie cette promotion. «Cette façon d’augmenter le revenu par bouteille vendue a des effets pervers pour les consommateurs.»

«En se servant de la SAQ comme d’une vache à lait, le gouvernement la détourne de sa mission, et les consommateurs ont accès à des produits qui ne sont choisis ni pour leur qualité ni pour leur prix».

Puis vint Inspire

La direction de la SAQ a peaufiné cette technique avec sa carte Inspire qui pousse certains produits choisis par les producteurs. Ces derniers doivent payer 500 $ par produit en plus de rembourser les points. Le programme ne concerne que 900 produits nous apprennent les auteurs. Ainsi, «il s’agit davantage d’un programme promotionnel que d’un programme de récompense», affirment les deux chercheurs qui ajoutent que le tout se fait au désavantage des consommateurs qui «se voient refiler le cout des récompenses».

Dividende ou taxe

Malgré tout cela et bien d’autres choses mentionnés dans ce petit livre, les auteurs s’opposent à la privatisation de la SAQ et à la libération du commerce du vin. Ils proposent plutôt que le dividende de la SAQ soit remplacé par une taxe. «Ainsi, la priorité de la SAQ ne serait plus de dégager des profits, mais bien de diminuer le plus possible ses prix et d’améliorer son offre de service.» Ils disent que la SAQ se concentrerait ainsi plus sur la qualité des produits et les gouts de la clientèle. Ils proposent aussi d’éliminer les frais de publicité et de promotion afin de réduire les prix. Finalement, ils demandent de miser davantage sur l’expertise des conseillers locaux.

Pour ce travail de recherche, les auteurs ont dû avoir recours à la loi d’accès a l’information. «Ces politiques cachotières nuisent à la recherche et à l’avancement scientifiques, et elles entravent le débat public et la démocratie.»

Un petit livre de 150 pages intéressant et instructif.

Marc André Gagnon, Vin Québec, 10 avril 2019

Lisez l’original ici.

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