Ode à la résilience portoricaine
Naomi Klein met en lumière les phénomènes d’auto-organisation solidaire qui ont émergé après le passage de l’ouragan Maria.
En septembre 2017, l’ouragan Maria ravageait Porto Rico. Le premier bilan officiel, dénombrant 64 morts, a été largement sous-estimé puisqu’il est monté à près de 3 000 personnes un an après. En cause, l’après-tempête et sa gestion désastreuse par l’administration Trump : l’eau, l’électricité, le téléphone et les routes sont restés coupés durant de longs mois, isolant davantage encore les habitants rescapés et empêchant l’accès aux soins. Donald Trump jetant des rouleaux d’essuie-tout aux survivants tout en alléguant que l’aide financière aux Portoricains a « chamboulé » le budget américain n’est que la face visible de la relation entre l’île des Caraïbes et les États-Unis.
Six mois après, la journaliste canadienne Naomi Klein s’est rendue pour le journal The Intercept sur ce territoire toujours ankylosé. Dans cette version longue de son reportage-enquête, elle poursuit avec vigueur son décryptage de la « stratégie du choc », phénomène expliqué dans son livre éponyme publié il y a plus de dix ans : comment le « capitalisme du désastre » se construit sur l’état de choc lié aux guerres ou, cette fois-ci, à une catastrophe dite naturelle. C’est donc une histoire de la vulnérabilité et de la résistance par la base aux chocs en cascade, sur ce bout de terre ultra-dépendant du carcan américain pour le carburant, les denrées et l’énergie, et subissant les vagues d’austérité incessantes et une relation coloniale qui ne s’est jamais tarie.
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Vanina Delmas, Politis, 27 mars 2019
Photo : Manifestation à Washington en soutien à Porto Rico, le 19 novembre 2017. Crédit : W.G. DUNLOP/AFP