Politiques et passions musculaires aux Etats-Unis
Dave Zirin, journaliste sportif à l’hebdomadaire américain de gauche The Nation, s’intéresse au sport en tant que « fan » et en tant qu’observateur de ses liens avec le politique. S’il fait toujours preuve d’un enthousiasme communicatif, sa vision critique tranche avec la prudente complaisance de la plupart de ses collègues vis-à-vis du système sportif et de ceux qui le contrôlent. Son dernier ouvrage vient d’être traduit en français.
Dans son livre, paru en 2008 et qui vient d’être traduit sous le titre Une histoire populaire du sport aux États-Unis, Zirin s’adonne à sa tâche favorite, rappeler que l’idéologie de la neutralité du sport, serinée sous forme de constatation ou d’injonction (« le sport et la politique ne se mélangent pas »), est parfaitement spécieuse puisque le sport a toujours servi des intérêts politiques, nationaux ou internationaux, et reflété les conflits internes et externes d’une société. Il évoque aussi comment aujourd’hui les grands groupes industriels, les médias et les clubs sportifs ont mis la main sur le sport de compétition pour en faire une vitrine du capitalisme planétaire et le véhicule de sa pensée brutale. L’intérêt de Dave Zirin se porte toutefois moins vers l’analyse de situations politico-économiques que vers les athlètes et leurs réactions aux problèmes de la société. Il parle de leurs exploits et de leur exploitation, de leur chosification et de leur rébellion, de leur assentiment à un statu quo et de leurs prises de position contestataires. Dave Zirin ne s’inscrit pourtant pas dans la lignée des critiques radicaux du sport capitaliste comme Jean-Marie Brohm ou Marc Perelman (dont, à l’approche de « nos » Jeux olympiques, il sera bon de relire les ouvrages) : c’est un modéré, qui ne partage que partiellement leurs analyses du sport comme spectacle et aliénation.
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Claude Grimal, Médiapart, 7 octobre 2017
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