Libération, 30 juin 2011
Livre référence:
La bombe
En avril 1945, alors que le régime nazi s’apprête à capituler, Howard Zinn est à bord d’un bombardier de la 490e escadrille chargée d’anéantir la poche allemande de Royan. «Je me souviens parfaitement d’avoir vu, du haut du ciel, les bombes exploser dans la ville, s’embrasant telles des allumettes dans le brouillard. J’étais totalement inconscient de la tragédie humaine qui se déroulait en bas.» C’est en lisant les témoignages des rescapés d’Hiroshima que le futur historien des mouvements populaires se mit à réfléchir à la pulsion bombardière de l’Amérique. Les éditions Lux rassemblent ici deux analyses : l’une sur l’usage du feu nucléaire contre le Japon, destiné surtout, estime-t-il, à prendre un ascendant psychologique sur l’URSS. Et l’autre, fruit de son enquête, l’été 1966, dans la bibliothèque de Royan, d’où il ressort que le principal souci des Alliés, début 45, était d’étrenner la toute nouvelle bombe américaine, connue depuis sous le nom de bombe au napalm, ainsi que de satisfaire le désir de gloire des militaires français. Coût humain : 1 000 civils.
Éric Aeschimann, Libération, 30 juin 2011