Description
En 1839, 58 hommes quittent Montréal pour la colonie pénitentiaire de la Nouvelle-Galles-du-Sud, à l’est de l’Australie. La plupart d’entre eux n’ont jamais quitté leur paroisse natale. Ce sont des citoyens ordinaires qui, entraînés dans le maelström politique de la rébellion de 1838, ont été condamnés à l’exil.
Cette sentence a suivi les soulèvements de l’année 1838, qui a vu des milliers de personnes tenter de renverser la domination coloniale anglaise. Les révoltes furent brutalement réprimées. Douze hommes furent pendus, d’autres virent leur peine commuée en exil à perpétuité. Ces procès furent une vaste mascarade, véritable démonstration de force par l’ordre établi. Alors que la plupart de ces hommes étaient illettrés et ne parlaient pas l’anglais – la langue de la Cour –, on les somma de se défendre eux-mêmes. Le tribut à payer fut terriblement élevé pour les rebelles : la confiscation de l’ensemble de leurs propriétés par la Couronne et la déportation de l’autre côté de la Terre, littéralement. Une fois en Australie, l’humiliation ne connut pas de trêve : prisonniers considérés comme le rebut de leur peuple, ils furent sans relâche mis à mal, même si, au fil des années, ils réussirent par leur intégrité à gagner le respect des habitants de Sydney.
S’appuyant sur les archives juridiques de cette période agitée, mais aussi sur les journaux et témoignages de certains déportés, Un profond sentiment d’injustice nous mène avec brio sur les pas de ces hommes meurtris. De l’effervescence de la bataille aux bancs de la cour martiale, puis dans l’exil solitaire des terres australes, la dignité dont ils firent preuve nous touche encore aujourd’hui.