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Portrait photo de Mark Bray et page couverture de son livre «L'antifascisme».
9 octobre 2025

Menacé de mort aux États-Unis, Mark Bray trouve refuge en Espagne

L’historien américain Mark Bray, spécialiste de l’Espagne moderne et du mouvement anti-fasciste, a été contraint à l’exil après avoir reçu plusieurs menaces de mort « dans la foulée du décret exécutif signé par Donald Trump le 22 septembre, désignant officiellement l’antifascisme comme un mouvement terroriste », précise son éditeur français, Lux. Il a trouvé refuge en Espagne et mènera ses cours à distance.

« Étant donné que ma famille et moi-même ne nous sentons plus en sécurité chez nous pour le moment, nous déménageons en Europe cette année. Je suis très affecté, évidemment, par la perspective de ne pas pouvoir passer du temps en classe avec vous », a écrit Mark Bray dans un email envoyé à ses étudiants ce dimanche 5 octobre, consulté par The Washington Post.

Professeur adjoint d’histoire au sein de l’université Rutgers, dans le New Jersey, Mark Bray a reçu trois menaces de mort par email depuis le 26 septembre dernier, détaille le quotidien américain, indiquant avoir consulté des captures d’écran des messages. L’un d’entre eux lui annonçait son assassinat devant ses étudiants.

Parallèlement à ces adresses directes, Mark Bray a été pris pour cible sur les réseaux sociaux, tandis que son adresse personnelle, dans le New Jersey, était partagée en ligne. L’association conservatrice et réactionnaire d’étudiants Turning Point USA, fondée par Charlie Kirk et Bill Montgomery, a pour sa part publié une pétition pour réclamer le licenciement du professeur par l’université.

Cette pétition, relayée par la chaine Fox News, assure que Mark Bray est directement membre du mouvement antifasciste, auquel il a consacré l’ouvrage Antifa : The Anti-Fascist Handbook (Melville House, 2017), traduit en France par Paulin Dardel chez Lux Éditeur sous le titre L’antifascisme. Son passé, son présent et son avenir.

Criminaliser l’antifascisme

Les menaces adressées à Mark Bray s’inscrivent dans le phénomène de criminalisation du mouvement anti-fasciste organisé par le camp républicain et l’administration de Donald Trump. En réaction à l’assassinat de l’influenceur Charlie Kirk, diffuseur d’idées d’extrême droite, par un homme de 22 ans, qui le jugeait « plein de haine », le président des États-Unis a classé le mouvement antifa « organisation terroriste nationale ».

Le décret exécutif n’a pas une grande valeur légale, puisque l’appellation « organisation terroriste nationale » n’existe pas dans la loi américaine et que l’antifascisme n’est pas une organisation, mais une idéologie politique. Néanmoins, l’action de Trump vient condamner les mouvements de lutte contre le fascisme, tout en légitimant les discriminations défendues par l’extrême droite.

Bray semble avoir été visé après avoir été invité à s’exprimer par différents médias, après la signature du décret exécutif par Donald Trump.

Pour l’instant, l’université Rutgers indique qu’elle « recueille des informations sur le sujet » et qu’elle a pris connaissance de « la pétition consacrée au professeur Mark Bray et au message qu’il a adressé à ses étudiants ».

« Nous assistons à une attaque en règle contre les universités », regrette Mark Bray auprès du Washington Post. « Et j’ai le sentiment que ces événements en sont une facette : faire en sorte que les chercheurs qui travaillent sur les mouvements d’opposition ne se sentent pas en sécurité pour partager leurs résultats de recherche ou enseigner des sujets que le gouvernement n’apprécie pas. »

« Toute l’équipe de Lux Éditeur déplore et s’inquiète fortement du fait que Mark Bray, historien et auteur de L’antifascisme. Son passé, son présent et son avenir (Lux, 2018) ait été contraint de quitter les États-Unis à cause d’une vague de menaces de mort qu’il a reçues dans la foulée du décret exécutif signé par Donald Trump le 22 septembre, désignant officiellement l’antifascisme comme un mouvement terroriste », a indiqué son éditeur français.

« Cet événement n’est pas anecdotique. Il ne concerne pas qu’un historien américain, qu’une seule université. Il témoigne d’un étiolement rapide des droits démocratiques en Amériques. Quiconque tient pour fondamentaux la liberté de penser, la sécurité des personnes et le règne de la justice devrait être interpellé par cette situation », ajoute la maison d’édition.


Antoine Oury, ActuaLitté, 9 octobre 2025.

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