Les médias offrent une conception faussée de l’OTAN. Comme institution, elle tendrait à initier le maintien de la paix par la promotion de la démocratie et du libéralisme. Vaste leurre idéologique construit autour d’un confusionnisme avec l’ONU qui dissimule une puissance effroyablement destructrice et qui a violé à maintes reprises la Charte et les recommandations des Nations unies.

Ce petit livre entend apporter un éclairage différent, déconstruire le piège idéologique et démontrer que l’OTAN n’est en fait qu’une déclinaison des intérêts des fabricants d’armes. Déconstruisant le discours médiatique dominant, les auteurs promeuvent une analyse et une critique dans la lignée des travaux de Noam Chomsky. Au fil des premières pages, ils nous invitent à un voyage mémoriel dans les différents conflits qui endeuillèrent les mondes dans le seul objectif de renforcer les investissements militaires et l’omnipotence guerrière des États-Unis. Le Kosovo, l’Afghanistan, l’Irak, la Libye, l’Ukraine, la Palestine… Le recensement destructeur ne se limite pas à la seule guerre, mais s’étend aux chaos géopolitiques qui s’ensuivent. Tout se déroule comme une sordide partie de jeu de stratégie pour la domination du monde.

Le style de l’ouvrage est d’un abord aisé, parcourant en une dizaine de petits chapitres les origines de l’Alliance atlantique, son fonctionnement, son expansion à toute la planète, ses alliances et les buts recherchés et inavoués. L’ Alliance se révèle n’être en fait qu’une formidable organisation impulsée et contrôlée par les États-Unis et des intérêts du complexe militaro-industriel.

Le livre, dans une volonté de déconstruction idéologique, souffre toutefois d’une minimisation des responsabilités d’autres acteurs comme la Russie ou la Chine. L’écrit passe trop sous silence les puissances secondaires, tout aussi engagées dans le processus de vente d’armes et d’escalade des conflits.

Les militants pacifistes s’interrogent ensuite sur les perspectives, les prétendues volontés de favoriser un moindre engagement américain dans l’Alliance, de redistribuer la part de l’Union européenne. À raison, ils dénoncent un nouveau piège qui ne visent dans les faits qu’à redéployer les moyens de destructions en les connectant.

Le livre se conclue sur des dimensions à opposer au militarisme, au rang desquelles l’appel aux invitations à la diplomatie pour encourager des solutions négociatrices, des recours à la justice internationale ou la promotion d’autres dimensions sociales que la guerre.

Autant de pistes louables qui estompent partiellement les logiques destructrices intrinsèques du capitalisme. Cet ouvrage souffre d’une approche unidimensionnelle des responsabilités dans cet acharnement destructeur qui appauvrit les populations au profit de certaines puissances.

Dominique Sureau (UCL Angers, Alternatives libertaires, 15 juillet 2025.

Lisez l’original ici.