
Un bel ouvrage, très complet
L’histoire des revendications LGBTQ+ est aujourd’hui bien documentée. Après une invisibilité – au «placard» – durant des siècles. Sa répression également, notamment par l’ouvrage, majeur, d’Antoine Idier (Les Alinéas au placard. L’abrogation du délit d’homosexualité, 1977-1982, éd. Cartouche, 20131) ou celui, précurseur, de la figure historique et anarchiste du mouvement, Daniel Guérin (La Répression de l’homosexualité en France, éd. La Nef, Lausanne, 1958). Mais cette histoire s’est, depuis, souvent (con)fondue avec celle de l’épidémie de sida, puisque la communauté gay, du fait de son nombre restreint de membres, fut la première contaminée massivement par le virus – que la presse appela même au début «le cancer gay». Or, le présent ouvrage, issu d’une thèse de doctorat, a voulu, non seulement «raconter une histoire», au contraire de l’exercice universitaire, mais surtout se concentrer sur la décennie qui a précédé l’épidémie, moment de revendications le plus vif – et multiple – de ce qui fut bien un «mouvement» politique et social. Il retrace ainsi ses mobilisations, avec ses différentes organisations constituées, année après année, depuis le (sage) Arcadie dès les années 1950 jusqu’au Comité d’urgence anti-répression homosexuelle (CUARH), en passant par le mythique Front homosexuel d’action révolutionnaire (Fhar) post-Mai 68, puis les multiples Groupe de libération homosexuelle (GLH), qui ont essaimé dans la plupart des grandes villes de France durant les années 1970. Un bel ouvrage, très complet, quand ces «désirs» faisaient« désordre» – et continuent de le faire, car toujours sous les attaques des fachos et réacs en tous genres. La vigilance doit rester vive.
1. cf. Politis no 1237.
Politis, no 1851, 26 février 2025.