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Photo d'un tas de déchets.
22 janvier 2025

Ordures! et Poubellocène

L’auteur de Ordures !, Simon Paré-Poupart, a passé 20 ans de sa vie au milieu des ordures, affirme-t-il solennellement et fièrement, car il contribue dans l’ombre «à faire tenir cette société en place, à nous assurer que tout ne s’écroule pas, pour l’instant ». Comme il nous secoue les puces, ce vidangeur «beau et sale », comme il remet les pendules à l’heure, avec ses indignations bien senties sur la société de consommation et les sans-desseins sans scrupule qui se foutent complètement des éboueurs et des règlements municipaux qui interdisent certaines pratiques en matière de résidus domestiques. «Le vidangeur, c’est le Sisyphe de la société de consommation», parce que tout est à recommencer chaque jour. Sinon, «ce serait la fête des rats, la puanteur assurée, la peste et le choléra », prévient-il. Paré-Poupart écrit saprément bien en plus. Voyez par vous-même : «T’es le vestige vivant d’un temps révolu au Québec, celui de l’ouvrier, mais t’es dépourvu de l’aura qu’auraient pu en donner le Survenant de Guèvremont ou les mineurs de Zola. Personne n’écrit de roman sur les vidangeurs.» Mais son livre à lui se lit comme un roman haletant.

Poubellocène pourrait être le pendant universitaire et savant du précédent écrit par l’éboueur Simon Paré-Poupart. Selon l’auteur, Marco Armiero, d’origine italienne, «les déchets constituent le marqueur géologique caractéristique de la nouvelle époque », en raison de l’omniprésence des rebuts. Le Poubellocène s’inscrit au sein de l’ère qu’on a appelée l’Anthropocène, caractérisée par l’omniprésence des humains sur Terre et leurs actions perverses sur l’environnement de la planète que nous habitons. Le Poubellocène est donc une variante pour parler du processus de dégradation de la planète avec l’accumulation sans bon sens des détritus et autres déchets qui s’accumulent dans l’environnement. Au nom du progrès et du «bien commun», on n’hésite pas à sacrifier des vies et des sites, détruisant par le fait même des mémoires collectives. Conclusion : «La crise socioécologique est causée non pas par un sujet humain générique, mais par une façon d’organiser la production et la société.»


Jacques Lanctôt, Le Journal de Montréal, 22 janvier 2025.

Photo: Emmet/Pexels

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