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Photo de l'intérieur d'une librairie.
15 octobre 2024

Discothèque d’idées

Depuis quelques semaines, je dispose mes poubelles de manière stratégique au bord du trottoir, poignées vers la rue, de préférence pas cachées par une auto. D’autre part, ma fibre féministe est regaillardie, et je constate que je suis de moins en moins une consommatrice béate, et de plus en plus une citoyenne aux aguets. Merci à qui ? Merci à ma fréquentation des essayistes québécois !

 

Quand on parle des livres d’ici, on pense surtout aux romans.

À juste titre : ils sont épatants. Le roman québécois connaît ces années-ci un véritable âge d’or. Le palmarès des nouveaux classiques de La Presse le montre bien, dressant une liste de titres éclectiques dans laquelle il faut plonger allégrement et immodérément⁠1. Si je lis beaucoup de romans d’ici, je suis aussi – surtout – une grande fan de nos essayistes.

Ça tombe bien parce qu’eux aussi sont en grande forme. À cause de l’air du temps inquiétant qui les oblige à s’interroger sur une foule de sujets, et grâce au travail de fond de plusieurs maisons d’édition. Les essais actuels, souvent assez courts et très digestes, portent sur une diversité absolue de sujets.

Ils nous aident à identifier les irritants, nous outillent pour comprendre notre monde et ses transformations. Souvent, ils titillent notre fibre de l’indignation. Parfois, ils proposent des pistes de solution. Dans tous les cas, ils stimulent notre intelligence, nous rendent moins cons, nous donnent l’impression de faire partie d’une communauté qui se pose des questions.

Je vous propose trois essais très différents qui ont fait spinner mes synapses et mis mon cerveau en joie. Trois essais à l’image de la production québécoise actuelle. Ils ont en commun d’être grand public, de regarder en face des enjeux actuels et de proposer une certaine résistance.

Commençons avec le récit-essai de Simon Paré-Poupart, Ordures !, paru chez Lux en septembre. Petit livre vigoureux et atypique d’un vrai de vrai vidangeur qui ramasse nos ordures depuis 20 ans. Comme il le dit d’entrée de jeu, il a charrié près de 70 000 tonnes de déchets, ça a nécessairement façonné sa vision de la vie et du monde. Il nous offre une incursion non dénuée d’humour dans cet univers fascinant dont nous ignorons tout, que nous ne voulons surtout pas voir, sur la part la plus sale de notre société de consommation.

Il aime profondément son métier, tellement qu’il est allé chercher une formation en sociologie pour mieux en comprendre toutes les dimensions et implications, ce qui donne à son ouvrage une profondeur inédite. Il s’interroge sur les notions de propre et de sale, sur notre époque qui génère des ordures en surabondance. Il dresse aussi de tendres et savoureux portraits de ses collègues, des marginaux, des excentriques, tous incroyablement en forme. Il évoque aussi les quasi-cartels des ordures. Et nous apprend au détour que nos éboueurs nous parlent à travers notre poubelle, selon qu’ils la pitchent rudement à bout de bras sur notre terrain ou qu’ils la redéposent avec ménagement dans notre entrée ! Un ovni à la lecture passionnante.

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Lisez la suite ici.

Marie-France Bazzo, La Presse, 15 octobre 2024.

Photo: Robert Skinner, archives La Presse

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