L’humain en opposition avec la nature
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Ce brillant petit essai est d’une lecture un peu ardue au départ, mais on y prend goût assez vite. Il nous décrit intelligemment comment, au cours des deux derniers siècles, le terme « économie » a pu être dévoyé de son sens général englobant l’ensemble du monde naturel à une approche essentiellement comptable et utilitaire, mettant en fin de compte l’humain en opposition avec la nature. C’est le premier « feuilleton théorique » d’une série de six de l’auteur. J’aurai tôt fait de lire aussi le second, « L’économie de la foi ».
Extrait :
La science économique n’a pas seulement neutralisé la notion d’ « économie de la nature », mais elle l’a totalement intégrée au rang de ses savoirs et capitaux. Les entités multinationales et leurs actionnaires se fantasment aujourd’hui comme des souverains de l’évolution, celle qui, hier encore, nous fascinait comme une chose infinie. Leurs technosciences ont pénétré les secrets repliés de la génétique, au point de prétendre à la pleine maîtrise de la nature. Il s’est ensuivi au dernier tiers du XXe siècle des effets de manipulations inouïes dans le domaine animal et végétal. Maintenant, des exploits génétiques et agricoles d’apprentis sorciers perturbent en profondeur les écosystèmes, plus qu’ils ne les contrôlent. C’est à eux qu’on attribue en Europe la disparition de 80 % des insectes, parmi lesquels de forts contingents d’abeilles.
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Bruno Marquis, Presse-toi à gauche, 15 octobre 2024.