Québec prime ses auteurs établis… et sa jeunesse
Les célébrations autour des livres d’ici pointent déjà le bout de leur nez, à deux semaines du Salon international du livre de Québec. La Ville de Québec a décerné, mardi, ses traditionnels prix littéraires. Des récompenses remises cette année à des écrivains bien établis, mais aussi à de jeunes auteurs.
Lauréate dans la catégorie «littérature adulte», Elsa Simone a reçu son prix avec «beaucoup de surprise», mais aussi «beaucoup de reconnaissance».
L’autrice de 26 ans affirme être surtout fière de mettre la culture indienne sous les projecteurs grâce à cette récompense qui couronne son premier roman, Jyothi. Avec cette œuvre, elle plonge le public sur la côte du Kerala. Une région du sud de l’Inde qu’elle a visitée et qu’elle apprécie particulièrement.
«Je pense que c’est cette région qui a inspiré mon style et mon histoire, toutes les couleurs, le réalisme magique, le dépaysement», partage Elsa Simone, en entrevue au Soleil.
Cette dernière était en lice aux côtés de Daniel Grenier et de Valérie Forgues pour leurs œuvres respectives, Héroïnes et tombeaux ainsi qu’Un choix d’amour.
Du côté de la poésie, c’est Pascale Bérubé qui est repartie avec le prix Jean-Noël-Pontbriand.
Avec ce premier recueil «d’une rare maturité», Pascale Bérubé a réussi à livrer une œuvre «engagée, profondément féministe, capable de nuance et d’irrévérence, à la fois sensible et excessive dans sa façon de mettre à mal les impératifs qui pèsent sur les corps», estime d’ailleurs le jury.
Très émue en montant sur scène, la jeune femme voit cette récompense comme un sceau de validation de la part du milieu culturel. Mais surtout comme une preuve que les œuvres comme Trop de Pascale, qui présentent «une parole à laquelle on ne s’attend pas des personnes trans», ont leur place dans le paysage littéraire.
«J’aurais pu parler du rapport au corps et à la féminité en parlant du fait que je suis une femme trans, mais pour ce projet-là, ça ne me semblait pas nécessaire. […] C’est important qu’il y ait des récits qui abordent [la réalité des personnes trans], mais je pense que les artistes trans qui ne veulent pas toujours développer cet aspect-là ont le droit de le faire aussi», estime Pascale Bérubé.
Les œuvres Les retombées du désordre suivi de Trente-sept acres de solitudes de Hélène Harbec ainsi que Des longueurs dans le crépuscule de Mathieu Simoneau étaient également en nomination pour ce prix de poésie.
Des lauréats bien établis
Après avoir été à l’honneur du projet Une ville un livre, en 2022, avec sa bande dessinée Rien de sérieux, Valérie Boivin s’est encore illustrée cette année… Mais cette fois-ci du côté de la littérature jeunesse. L’autrice a remporté un prix littéraire de la Ville de Québec grâce à son lumineux Jaja la nuit.
«La littérature jeunesse, c’est tellement important. C’est par là qu’on accroche les jeunes à lire», a lancé l’illustratrice, à la fois surprise et fort émue, en montant sur scène.
Son album jeunesse était en compétition aux côtés de Rose d’Isabelle Hubert ainsi que Le manoir Hillcrest de Sandra Dussault.
Après avoir remporté ce même prix en 2022 dans la catégorie essai, Jonathan Livernois a conquis encore une fois le jury avec son dernier ouvrage, Godin. La toute première biographie de Gérald Godin, qui s’intéresse donc à la vie de ce poète et homme politique québécois.
Revenant de Chine de Marc St-Pierre et Chartier de Lotbinière – Sur tous les fronts 1723-1798 de Dave Noël étaient aussi en lice pour cette récompense.
Québec BD et la Ville de Québec ont finalement remis cette année le Prix de reconnaissance en bande dessinée à Jean-François Bergeron, bien connu sous le nom de Djief. Une récompense qui rend hommage au «parcours prolifique» du bédéiste de 52 ans.
«Dans les années 80, je faisais partie de la Société des créateurs et amis de la bande dessinée à Québec (SCABD). On était un regroupement d’amateurs de bande dessinée — sauf un ou deux professionnels — et on rêvait d’avoir un jour une reconnaissance comme celle-là», se souvient l’artiste, qui entamera prochainement une tournée d’un mois en France et en Belgique afin de présenter le premier tome de sa série Les chroniques de Louise Pembleton.
Les trois lauréats des prix littéraires de la Ville de Québec ainsi que la gagnante du prix Jean-Noël-Pontbriand reçoivent respectivement une bourse de 5000$. Les finalistes obtiennent quant à eux un montant de 500$.
Léa Harvey, Le Soleil, 26 mars 2024.
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