Le nouvel essai de Francine Pelletier retrace l’histoire de la lutte nationale du Québec et de la transformation de son nationalisme. L’autrice arrive au constat que le nationalisme progressiste a muté en un nationalisme conservateur à partir de 2007, qui a comme caractéristique de défendre des « valeurs de la majorité historique francophone ».

De ce fait, l’une des premières questions qu’approfondie l’ouvrage est celle de la dissolution de la francophonie dans le contexte anglophone du Canada et des solutions adoptées par le Québec.

Il va être question de retracer brièvement le propos de l’ouvrage.

Francine Pelletier a vécu son enfance en Alberta, dans un univers complètement anglophone. Elle comprend qu’elle n’a que deux choix : celui de devenir anglophone ou francophone, mais qui nécessite de déménager au Québec.

C’est pourquoi elle déménage à Montréal en 1975. C’est arrivé dans cette ville que Francine est happée par le foisonnement culturel et une nouvelle implication politique dans laquelle elle s’immerge.

Dans ce contexte, l’autrice a été interpellée par le PQ de l’époque qui décrivait un programme voulant construire un Québec comme une société modèle. Son programme se fonde sur un nationalisme, qui suscite ailleurs dans le monde une grande méfiance. L’une des caractéristiques du nationalisme du PQ est l’inclusion des personnes étrangères pour les considérer comme québécois, et cela indépendamment de leurs croyances, religions ou cultures.

Pourtant, le programme du PQ n’a pas su s’imposer. Pire, en 2007 et à la suite de la crise des « accommodements raisonnables », son nationalisme progressiste a muté en un nationalisme conservateur, qui défend les valeurs de la majorité francophone, en écartant les personnes issues de l’immigration.

L’identité québécoise et les valeurs qui y sont accotées rejettent les minorités religieuses en général, et plus particulièrement les femmes musulmanes voilées.

Sur ce constat, l’autrice appelle à trouver un nouveau modèle de survie de la francophonie, autre que le renfermement sur soi.

Francine Pelletier explique que la conservation de « l’âme du Québec » ne se limite pas à protéger la langue française. Pour protéger le Québec et son identité, il faut donner une raison à ses habitant.es de s’identifier à cette culture. Il faut donner une raison pour que chacun et chacune puisse se reconnaitre dans la culture québécoise, personnes immigrantes comprises.

Et pour encourager cette identification, il faut écouter ce que la jeunesse dit.

Actuellement, la jeunesse apparait comme désintéressée par la politique. Or, ce désintérêt ne provient pas de la politique en tant que telle, mais des valeurs sur lesquelles elle repose qui ne sont pas en adéquation avec les priorités et les urgences actuelles. C’est alors un véritable fossé socioculturel qui se manifeste à travers ces différences de valeurs.

Ce ne sont pas les gouts culturels qui opposent les générations, ou les divergences politiques du type gauche-droite. Mais c’est la manière dont on souhaite construire la société québécoise par des valeurs phares, comme l’inclusion, l’environnement qui diffère.

Les jeunes se préoccupent de la diversité, de l’environnement, de l’intelligence artificielle et des médias virtuels. Alors que ces questions sont négligées par le gouvernement actuel, et par la population.

Pour Francine Pelletier, « Le Québec francophone de demain sera forcément multiculturel, diversifié, métissé, ou ne sera pas ».

Mathieu Perchat, Le Mouton noir, 14 octobre 2023.

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