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21 octobre 2022

Les recettes de Howard Zinn pour combattre le racisme

Disparu en 2010, l’historien états-unien Howard Zinn fut un sympathisant actif du mouvement des droits civiques. Tout au long de sa carrière, il a raconté dans de nombreux écrits le combat des Noirs contre la ségrégation. La maison d’édition Lux les a traduits et réunis dans un ouvrage qui est autant un témoignage pour l’Histoire qu’un manuel de lutte pour les nouveaux militants antiracistes. Extrait.

 

Howard Zinn est connu pour sa monumentale Histoire populaire des États-Unis. Dans cet ouvrage de contre-histoire, il retrace l’épopée de son pays en détricotant ses grands mythes fondateurs et en l’abordant sous le prisme de ses victimes : Indiens, esclaves déportés d’Afrique, ouvriers… Historien et politologue, celui qui a combattu dans l’armée de l’air durant la Seconde Guerre mondiale fut également un acteur du mouvement pour les droits civiques dans les années 1960. Il fut « un des rares intellectuels non noirs à s’être penché avec autant d’intérêt et de perspicacité sur les souffrances et la résistance des Noirs », dit de lui le philosophe noir-américain Cornel West.

Logiquement, il a beaucoup écrit sur le sujet, relatant régulièrement le combats des Noirs qui réclamaient simplement l’égalité des droits. Mais il n’a pas été qu’un observateur neutre : il a clairement pris parti dans cette lutte, en soutenant les étudiantes de son université, en participant à l’organisation de diverses actions « coup de poing » et en dénonçant l’injustice qui était faite aux Noirs dans le sud du pays comme dans le nord. Un engagement qu’il paiera au prix fort, puisqu’il sera licencié de sa faculté en raison de son opposition à la ségrégation.

Quelques mois après sa mort en 2010, ses écrits sur la question ont été réunis dans un ouvrage intitulé Howard Zinn on Race, paru en 2011 chez Seven Stories Press. Lux Editeur, une maison créée en 1995 au Québec, a eu la bonne idée de le traduire et de le distribuer en France, sous le titre : Howard Zinn. Combattre le racisme. Essais sur l’émancipation des Afro-Américains. Ce livre est constitué de quatorze chapitres très différents les uns des autres : une interview, la transcription d’une conférence, des tribunes courtes, des reportages ou encore des analyses plus fouillées qui, tous, racontent avec justesse le combat des Noirs américains, depuis le début du mouvement civique jusqu’aux années 2000. Il représente un témoignage exceptionnel sur une des luttes les plus emblématiques du XXe siècle et réhabilite les méthodes pacifiques de désobéissance civile, parfois décriées ou perçues comme inefficaces. « Il ne s’agissait pas de choisir entre ségrégation et déségrégation, mais plutôt entre déségrégation tranquille et déségrégation fracassante », écrivait-il en 1959.

Au pays du coton, de l’arachide et de l’injustice

Pour Zinn, ce combat débute trois ans plus tôt, en 1956, lorsqu’il s’installe avec sa famille à Atlanta, dans ce Sud « mystique » et raciste – « pays du coton et de l’arachide où justice et raison n’avaient jamais mis les pieds », écrit-il – pour enseigner l’histoire au Spelman College, un établissement d’enseignement supérieur uniquement fréquenté par des jeunes femmes noires. Arrivant de Boston, il découvre un univers violent, où le militantisme des Noirs se heurte au conservatisme des autorités locales, et une société toujours ségréguée malgré les beaux discours de Washington. Au fil de ses écrits, Zinn s’évertue à raconter le racisme systémique, qui saute aux yeux même s’il est plus complexe qu’il n’y paraît.

Plusieurs chapitres permettent de comprendre la difficulté du combat mené par les Noirs du sud des États-Unis et de saisir le courage qui leur a fallu pour briser les chaînes de leur destin. Zinn raconte comment des jeunes militant.es ont contraint les « casse-croûte » (des diners) à accepter que les Noirs viennent manger aux mêmes tables que les Blancs, comment ses étudiantes ont elles-mêmes imposé leur présence dans les bibliothèques qui étaient jusqu’alors réservées aux Blancs, comment les sit-ins « ont marqué un tournant » pour les Noirs comme pour les Blancs, qui ont longtemps cru que les Noirs du Sud « étaient heureux de leur sort », ou encore comment les appels à s’inscrire sur les listes électorales ont changé la donne dans les localités les plus ségréguées.

Howard Zinn, en mai 2008.
DalioPhoto / flickr.com

Ce combat ne fut pas de tout repos – pour les Noirs comme pour les Blancs qui les accompagnaient. Des militants et des militantes sont mort.es. D’autres, tabassés en prison, en ont subi les conséquences dans leur chair. Sans compter les innombrables humiliations infligées par d’horribles shérifs. Comme le constatait Zinn en 1968, « il faut le voir pour le croire… ». Mais il ne se contente pas, durant toutes ces années, de faire de l’histoire immédiate. En universitaire qu’il est, il prend soin de remonter dans le temps pour rappeler le chemin parcouru – notamment depuis la guerre de Sécession – et expliquer les résistances à cette inévitable libération.

Dans l’extrait que nous publions ci-dessous (tiré du chapitre 12, « Liberté universitaire : collaboration et résistance »), c’est en académicien qu’il s’exprime. Nous sommes le 23 juillet 1982. L’historien a été invité à prononcer une conférence par l’université du Cap, dans l’Afrique du Sud de l’apartheid. « La décision de présenter une telle conférence est elle-même un acte de résistance de la part de l’université », précise l’éditeur. Zinn y aborde l’histoire de son pays en ponctuant son exposé d’anecdotes personnelles, mais il s’interroge également sur la notion de « liberté universitaire » et invite les professeurs et les étudiants à lutter ensemble contre le racisme et la censure.

« Aucun Américain ne peut faire la leçon aux Sud-­Africains »

« Je ne suis donc pas venu ici pour vous parler des péchés de l’Afrique du Sud. Jamais je n’oublierai que mon pays a été une société esclavagiste de 1619 à 1865, soit pendant deux cent quarante-six ans, ce qui représente les deux tiers de son histoire. Le treizième amendement à la Constitution des États-Unis, qui a aboli l’esclavage, a été adopté il y a cent dix-sept ans seulement. La ségrégation raciale dans les écoles a été déclarée inconstitutionnelle il y a vingt-huit ans seulement, en 1954. Les Noirs du Sud peuvent voter sans crainte en vertu d’une loi, le Voting Rights Act, adoptée il y a dix-sept ans seulement, en 1965. Et les Noirs ne bénéficient toujours pas d’un droit égal au travail et à un salaire équitable  : bien que les États-Unis affichent actuellement un taux de chômage de 10 %, celui des jeunes Noirs se situe entre 40 et 50 %. Avec un tel passé et un tel présent, aucun Américain ne peut faire la leçon aux Sud-­Africains sur leur problème racial.

Parce que l’injustice est un phénomène universel, pré­sent chez les humains de toutes les couleurs, et parce que la soif de justice est tout aussi universelle, il est sans doute possible d’apprendre les uns des autres, de garder contact, de se soutenir mutuellement. J’ose espérer que mon séjour chez vous sera l’occasion d’un tel échange. […]

Pour moi, la liberté universitaire a toujours impliqué le droit d’affirmer que la liberté ne doit pas se limiter à l’université. Vu sa vocation particulière d’espace consacré à la recherche de la vérité, celle-ci doit permettre une mise à l’épreuve non seulement des idées d’une société, mais aussi de ses institutions et de ses pratiques, en les évaluant à l’aune des idéaux millénaires d’égalité et de justice.

C’est mon propre parcours qui m’a amené à formuler cette définition. J’ai grandi dans une famille ouvrière  ; à l’âge de 18 ans, je suis allé travailler sur un chantier naval, où j’ai passé trois ans. Pendant la Seconde Guerre mondiale, je me suis enrôlé dans l’armée de l’air des États-Unis et j’ai combattu comme bombardier. Par la suite, j’ai étudié l’histoire et la politologie à l’université de New York, puis à l’université Columbia et, enfin, à l’université ­Harvard.

« La fausse vertu de l’objectivité »

Dès le départ, j’ai accueilli la prétention à l’objectivité de l’institution universitaire avec scepticisme. Le monde dont j’étais issu avait été marqué par une impitoyable lutte des classes, par la Shoah, par d’autres atrocités (j’ai participé à au moins un bombardement complètement insensé d’un village de civils), par l’injustice et par des conflits sans fin. Albert Camus écrivait «  qu’il y a sur cette terre des fléaux et des victimes et qu’il faut, autant qu’il est possible, refuser d’être avec le fléau  ». Dans un monde à ce point divisé, nulle institution ne peut prétendre à la neutralité, pas même une institution aussi clairvoyante que l’université, si vertueuse dans sa prétention à l’objectivité et si fausse dans sa vertu.

J’éprouvais ces doutes avant même de mettre le pied dans ma première salle de cours. Pourtant, dans les années qui ont suivi, passées d’abord comme étudiant puis comme membre de divers corps professoraux, ma naïveté récurrente (entretenue avec assiduité par l’université) a été ébranlée à maintes reprises par la réalité. La réalité, c’est que j’habite un pays où 1 % de la population détient 33 % de la richesse, où une centaine d’entreprises géantes contrô­lent la moitié de l’économie, où les membres du gouvernement, les conseillers à la présidence et les hauts gradés des forces armées font des allées et venues entre fonctions de l’État et postes de cadre supérieur comme des navettes sur un métier à tisser, formant un immense écheveau d’influences dont aucune institution ne peut se targuer d’être indépendante.

Quand j’y enseignais, il était facile de conclure que l’université Spelman était une institution autonome, libre de toute influence extérieure – une université privée financée par des fonds privés, dont le joli campus fleurait bon le magnolia et le chèvrefeuille, où une minorité de professeurs blancs pouvaient vivre et travailler aux côtés de leurs étudiantes noires et de leurs collègues noirs, où l’on pouvait ignorer la ségrégation raciale appliquée en ville et où les savoirs pouvaient se transmettre sans limites, en toute liberté. En fait, comme pour souligner l’indépendance de cette enclave par rapport à un monde extérieur déchiré par la ségrégation, une épaisse muraille en pierre et une clôture de barbelés encerclaient le campus.

J’habitais sur le campus avec ma famille, et c’est mon fils, alors âgé de huit ans, qui un jour m’a fait remarquer que les fils barbelés surmontant la clôture étaient inclinés de manière à ce qu’il soit plus difficile pour une étudiante de sortir du campus que pour un intrus d’y entrer. L’expert en barbelés, c’était lui  ; il me restait à colliger les données et à en tirer les conclusions politiques.

« À l’extérieur sévissait l’asservissement économique »

L’université avait à sa tête son premier recteur noir, mais, en dernière analyse, elle était dirigée par son conseil d’administration, dont les membres étaient presque tous des Blancs, et financée depuis sa fondation par la famille Rockefeller (deux Rockefeller faisaient d’ailleurs encore partie du conseil). Loin d’être indépendante du monde extérieur, ai-je commencé à comprendre, l’université appliquait en fait le pacte historique entre le capital du Nord et celui du Sud, conclu une trentaine d’années après la guerre de Sécession dans la foulée de leur réconciliation. Une autre partie prenante au pacte était le leader noir Booker T. Washington, qui avait fourni au Sud blanc une main-d’œuvre noire  : en contrepartie de leur acceptation résignée de la ségrégation sociale et politique, les Noirs avaient ainsi obtenu de la formation professionnelle, un minimum d’éducation et une certaine intégration à l’économie.

C’est en vertu de cette entente que des industriels philanthropes du Nord ont trouvé des alliés économiques chez les riches Blancs du Sud et ont financé l’éducation des Noirs. Les élus du Sud ont laissé les universités noires agir à leur guise dans leurs enclaves protégées, tant qu’elles mettaient des enseignants, des travailleurs sociaux, des pasteurs et même quelques médecins et avocats noirs au service des Noirs ségrégués qui, matin et soir, se rendaient dans les quartiers blancs de la ville pour exercer leurs petits métiers. Tant que les étudiants noirs resteraient dans l’enceinte et ne perturberaient pas la ségrégation pratiquée à l’extérieur, le pacte tiendrait le coup.

La liberté universitaire prévalait à l’intérieur des murs tandis qu’à l’extérieur sévissait l’asservissement économique, à la grande satisfaction des millionnaires du Nord et des politiciens du Sud. La bonne marche du pacte reposait sur la coopération d’une poignée d’administrateurs noirs et sur la docilité des jeunes étudiants noirs, à qui l’on promettait des carrières et leur part de réussite à l’américaine – ainsi que la fierté, dont ils avaient été si longtemps privés, d’avoir accompli quelque chose.

Par le plus pur des hasards, mon épouse, mes enfants et moi sommes arrivés à Spelman au moment où la population étudiante de nombreuses universités noires du Sud s’apprêtait à rompre avec cette docilité. C’était en 1956.

L’« annonce » de Washington pour séduire l’Afrique

Deux ans auparavant, la Cour suprême des États-Unis avait statué que le quatorzième amendement à la Constitution, qui interdit aux États de refuser à quiconque «  l’égale protection des lois  », prohibait la ségrégation dans les écoles publiques. L’amendement ayant été adopté en 1868, le plus haut tribunal du pays avait donc attendu quatre-vingt-six ans avant de tirer cette conclusion. Les raisons qui expliquent la décision sont nombreuses, mais il en est une que les manuels d’histoire mentionnent rarement  : l’Afrique.

On était alors en pleine guerre froide. Les États-Unis et l’Union soviétique rivalisaient en vue d’étendre leur influence respective aux nouveaux pays issus de la décolonisation. Washington, que la ségrégation raciale mettait régulièrement dans l’embarras, se devait donc de faire une annonce spectaculaire à cet égard. L’arrêt de la Cour suprême lui permettait de s’exprimer avec grandiloquence. Couvert d’éloges, le gouvernement américain pouvait enfin respirer. Mais il ne ferait pas appliquer la décision.

Les Noirs des États-Unis, eux, n’allaient pas se contenter de mots. C’est d’ailleurs à leur persévérance qu’on doit l’arrêt de la Cour suprême. En décembre 1955, ils ont entrepris une première action collective dans le Deep South, le boycottage des autobus de Montgomery, en Alabama, pour dénoncer la ségrégation. Pendant un an, domestiques, employés de blanchisserie et hommes à tout faire ont ­parcouru à pied, matin et soir, les sept ou huit kilomètres qui les séparaient de leurs lieux de travail. Jusqu’au jour où la nouvelle est tombée  : ils avaient gagné  ; ils pouvaient désormais s’asseoir où bon leur semblait dans les autobus de la ville. Pendant la campagne, alors qu’elle marchait vers son domicile au coucher du soleil, une vieille dame s’est fait poser la question suivante  : «  N’êtes-vous pas fatiguée ?  » Sa réponse passerait à la postérité  : «  Oui, j’ai les pieds fatigués. Mais j’ai l’esprit reposé.  »

« Le Sud ne serait plus le même »

En 1957-1958, mes étudiantes ont commencé à s’aventurer hors du campus. Elles se rendaient déjà en ville à l’occasion pour acheter de la nourriture et des vêtements, mais, cette fois, elles allaient y chercher la liberté. Elles allaient régulièrement à la bibliothèque publique ­Carnegie d’Atlanta, alors réservée aux Blancs, pour demander à consulter des livres. À force de refuser à des étudiantes noires la possibilité d’emprunter des ouvrages comme l’Essai philosophique concernant l’entendement humain de John Locke ou De la liberté de John Stuart Mill, les bibliothécaires ont fini par être un peu gênés. Ils craignaient que la situation s’ébruite et qu’on leur intente un procès. De façon discrète, la bibliothèque Carnegie a fini par ouvrir ses portes aux Noirs.

Mais ce n’était qu’un début. À partir du printemps 1960, partout dans le Sud, des étudiants noirs ont afflué vers les centres-villes pour participer à des sit-ins dans des casse-croûtes et des restaurants. Tant qu’ils n’étaient pas servis, ils refusaient de bouger. «  On ne sert pas de nègres  », avait-on l’habitude de leur répondre. «  Ce n’est pas ce que je vous ai demandé. Je veux un sandwich.  » Le rire est ainsi devenu une arme de plus dans la lutte, s’ajoutant aux chants de liberté et aux actes de courage.

Mes étudiantes participaient au mouvement. Par centaines, elles ont rompu le vieux pacte, se sont rendues en ville, se sont assises à un comptoir et ont refusé de bouger, puis ont été arrêtées et jetées en prison. Comme d’autres professeurs de Spelman, je les ai accompagnées dans leurs sit-ins et leurs manifestations. À leur sortie de prison, nos étudiantes n’étaient plus les mêmes. Elles ne seraient plus jamais les mêmes. L’université Spelman non plus. Le Sud non plus. Avant, leur liberté universitaire n’était, justement, qu’universitaire. Désormais, elle s’étendrait au moins à une part de réalité, car les filles avaient franchi le mur de l’université pour prendre part à la lutte qui ébranlait le monde extérieur. […]

« Les limites les plus importantes à notre liberté sont les nôtres propres »

En tant qu’universitaires, pouvons-nous remplir nos devoirs envers la société, envers les principes de justice et d’égalité, sans renoncer à ce pacte avec le diable ? Sommes-nous en droit d’accepter la richesse, les privilèges et le statut qu’on nous accorde moyennant notre silence et notre obéissance – bref, moyennant notre renonciation à la liberté ? Notre soumission inconditionnelle à l’État peut-elle être tolérable lorsque, nulle part dans le monde, l’État ne représente ses citoyens dans toute leur diversité et dans toute leur universalité ? Selon la théorie moderne de la démocratie, la légitimité d’un gouvernement repose notamment sur le consentement de l’ensemble de sa population et sur le principe selon lequel tous les êtres humains, quels que soient leur sexe ou la couleur de leur peau, disposent d’un droit égal à la vie, à la liberté et à la recherche du bonheur. Tout gouvernement qui bafoue ce droit n’est donc pas légitime. […]

J’ai voulu, vous l’aurez compris, aller au-delà des ingérences les plus grossières de l’État dans la vie des citoyens pour montrer que les limites les plus importantes à notre liberté sont les nôtres propres. Si nous sommes assez nombreux à briser nos chaînes intérieures, aucune force brute ne suffira à nous priver de notre liberté. Les systèmes de contrôle modernes reposent encore sur la force en situation d’urgence, mais, au quotidien, la discipline repose sur la docilité du plus grand nombre. Si des masses de gens se refusent à être dociles, même la force ne pourra retenir leur élan vers la justice.

Sachez que je m’adresse à moi-même autant que je m’adresse à vous – je me mets en garde, je me rappelle à l’ordre, je m’efforce de garder intact mon propre esprit de résistance pendant que je vous parle du vôtre. Et ce que j’attends de vous, ce que j’attends de moi, ce n’est pas simplement d’aider autrui à obtenir justice. Fini le temps de la philanthropie, du travail missionnaire, des bons samaritains et des conseillers bienveillants ! Nous sommes tous dans le même bateau. Nous vivons un tournant historique. Nous avons épuisé le temps, l’espace et les frontières. Nous sommes tous entassés sur une planète qui a besoin de notre solidarité, au-delà des fractures entre classes, religions et nations. Sans cette solidarité, notre chute sera inéluctable, que ce soit dans un holocauste nucléaire ou dans une guerre civile sans fin. »

Rémi Carayol, Afrique XXI, 21 octobre 2022.

Photo: Une manifestation après la mort de George Floyd, à Charlotte en mai 2020. Clay Banks / Unsplash

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