Pour en finir avec le “mode de vie impérial”
Arrêtons-nous un moment devant un de ces gigantesques champs de maïs qui prolifèrent en France, destinés à l’alimentation animale – donc aux steaks qu’on peut acheter en se rendant en voiture dans une zone commerciale, entre deux ronds-points et trois zones logistiques. Écoutons le silence de ce champ. Aucune chance d’y entendre la moindre mésange ni le moindre chardonneret, les insectes ne sont pas là non plus, et n’allons pas inspecter le sous-sol, pas de risque d’y trouver un ver de terre. Le glyphosate fait son boulot. « La vie sauvage » a disparu. On ne peut pas « renverser le modèle du jour au lendemain », n’est-ce pas ? On ne peut pas non plus se passer d’importer du soja d’Amazonie pour nourrir « le minerai animal » des élevages concentrationnaires de Bretagne qui font fleurir les algues vertes ? On ne peut pas limiter notre empreinte carbone ? Si, on peut. En refusant ce que deux chercheurs allemands appellent « le mode de vie impérial » (1). En réfléchissant à chacun de nos actes de consommation. En s’engageant et en choisissant des représentants politiques qui pensent que, oui, on peut.
(1) Le Mode de vie impérial, Ulrich Brand et Markus Wissen, Lux Éditeur.
Vincent Remy, Télérama, 3 septembre 2021
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